Description
Tout ce que je ne t’ai jamais dit
Au loin un orage gronde, se rapproche. Un court instant, on profite d’un rayon de soleil, d’une accalmie avant le retour des intempéries, d’une promenade dans la campagne déserte. Le temps de se reconstruire, lentement, patiemment, un abri.
Récit sur le deuil amoureux, le souvenir et l’absence, Tout ce que je ne t’ai jamais dit est une traversée brûlante de lieux hantés par nos troubles intérieurs. Une méditation tourmentée, à la portée universelle, qui parvient à évoquer nos doutes et nos blessures par la seule force des images.
«Je pense à toi tous les jours.» Des mots apparaissent dans le décor. Les protagonistes sont hors-champ. On navigue l’imaginaire à vif, emporté par un réalisme magique aux accents fauves, entre des paysages à l’encre et à la gouache, baignés d’une chaude lumière mais indiciblement menaçants.
Sous un ciel dilué, l’orage gronde toujours, lourd de tout ce que l’on a pas su nommer ou dire. Par quelle magie, par quelle étrange et puissant souffle un simple vaisselier ou une piste d’athlétisme acquièrent entre ces pages une épaisseur inquiétante et mélancolique ?
Grâce à la polysémie d’images énigmatiques et saisissantes, chaque page est une histoire à part entière, tissée d’ambiguïtés. Les éléments naturels envahissent des espaces intimes. Des objets, des vêtements, des parts de nous sont abandonnées en chemin.
«Tout est de ta faute.» Le calme des lieux cache bien des questions connexes, comme refoulées mais bien présentes. Une tension habite ces pages, sourde, impalpable, omniprésente, qu’un rien peut contenir ou faire éclater.
Marquée par Lynch ou Alex Barbier, la voix de Maïté Grandjouan est d’une puissance évocatrice unique. L’éclat de couleurs surnaturelles, l’atmosphère fantastique rendue palpable par les textures, le silence obstiné créent un récit trouble, habité par des reflets et des mirages. À nous de projeter nos intuitions dans le champ qu’il nous laisse, de nous perdre, de renouer avec nos peurs et nos refuges.
« Tout ce que je ne t’ai jamais dit : le titre annonce la couleur. On s’attend à un grand déballage, on s’attend à un déluge de mots et d’explications intimes, à une dissection intérieure menée par le texte qui lèvera tous les doutes et mystères.
Or dans ce livre rien ne se passe comme ça, rien ne se passe comme prévu.
Tout ce que je ne t’ai jamais dit est une boîte-livre, ou un livre-boîte. Et celle ou celui que la curiosité va pousser à ouvrir le carton sera irrémédiablement aspiré.e et ciblé.e par le sort.
Dans ce livre, peu de mots en vérité, mais leur présence est taillée, incisée, gravée dans l’image. Texte et images sont faits d’une même matière, et leur alchimie est une sorte de sorcellerie.
Maïté Grandjouan est une mage, dont le pouvoir est celui des images. Elle pactise avec les signes et la représentation. Elle dresse des tableaux comme autant de traces, d’indices et d’histoires possibles.
Nos cerveaux d’humains, vigilants, câblés pour résoudre les énigmes, opèrent un balayage constant. Nous sommes immergé.es dans des paysages qui stimulent nos sens, et le vent pourrait être le messager du souvenir.
Nous entrons dans un monde qui ressemble comme un jumeau à celui que l’on connaît bien dans notre quotidien, monde soumis aux lois de la physique et de la chimie, mais quelque chose est là qui n’arrête pas de conspirer. Tout ce que l’on prend pour vrai pourrait être démenti. « Chuuut, je crois qu’un cheval nous écoute. »
Si nous regardons en directions de la forêt, en plissant bien les yeux, nous nous aperçevons que la magie est cachée là, dans le sous-bois, comme une deuxième peau. Où que nous soyons attentifs, une trappe s’ouvre vers un monde dont on connaît peu de choses. Le fantastique nous coule dans le nez, les oreilles et les yeux.
On voudrait croquer dans les images pour vérifier ou comprendre mais gare ! Gare, car l’effet psychotrope pourrait être encore plus fort.
Tout ce que je ne t’ai jamais dit est une boîte magique, et quand la déambulation se termine et que le livre se referme, on ne sait plus très bien comment nous sommes habillés. Peut-être étions nous en train de nager, ou de marcher, ou d’enquêter, ou de nous souvenir, mais une chose est sûre, c’est que justice a été rendue au puissant mystère de l’existence. »
Valfret
124 pages — 24 x 32 cm
impression quadrichromie
couverture cartonnée avec jaquette
collection Amphigouri
ISBN 9782390220602
32 €







