Cinégravure/ WREK à la Papeterie

« WREK est le nom d’un projet xylogravé qui se propose de recycler des images trouvées sur le réseau Internet tout se passant comme si Internet était une vaste décharge publique d’images en tous genres. Le choix des images est fait selon au moins deux critères. D’une part, il s’agit de choisir des images qui disent quelque chose à propos des images. Autrement dit, il s’agit de choisir des images qui « réfléchissent » aux images. D’autre part, il s’agit de choisir des images qui appartiennent aussi bien à la culture populaire des comics qu’à la culture savante du cinéma de Tarkovski, par exemple.

Image xylographe inspirée de Charlie Chaplin

Dans un premier temps, les images sont sélectionnées sur l’écran. Ensuite, elles sont transposées via le dessin sur une plaque de bois en contreplaqué. Puis la gravure est taillée et imprimée. Progressivement un monde d’images se constitue, un monde dans lequel les images communiquent entre elles et dont le spectateur ou la spectatrice peut concevoir librement un ensemble de relations. Ensemble de relations qui finit par constituer une narration. » O.Deprez, août 2022

La Papeterie pousse un peu plus loin l’expérience d’Olivier et recycle à son tour les images produites lors de l’atelier. En atelier stop motion, « réanimer » ces images fixes, qui à l’origine sont en mouvement, en animation traditionnelle. La technique utilisée est naturellement le papier découpé sur banc titre, un lien est amorcé. Faite de « contraintes », semblables à celles de la gravure, cette technique d’animation reste très accessible.

Voici un exemple de « cinégravure », « Don’t tell me how to mix the mortar ! », film expérimental réalisé à la Papeterie des Arceaux à Grand-Brassac, fait de techniques mixtes mêlant archives, gravure sur bois et papiers découpés.

Stop motion et réalisation : Laura Leeson/ Gravures : Frank Brody, Jean-Christophe Long, Laura Leeson et Olivier Deprez/ Son : Kai Pfeiffer

Chaque année vous pouvez participer à l’expérience Cinégravée, en gravure, en animation, ou encore à la sonorisation… « la gravure sur bois en noir et blanc est une source de réinvention sans fin (tout comme l’image animée, le found footage et le mashup pratiqués à la Papeterie sur banc titre en multi-plan (superposition de plaques)), d’autant plus lorsqu’elle se branche sur l’épopée bordélique du réseau Internet. (…) On obtient alors les bases d’une nouvelle narration hybride, un récit fait d’éclats par tou.te.s et pour tou.te.s. Un récit en images fixes qu’on peut aussi animer et créer ainsi une version gravée et animée », des images recyclées à l’infini.

Le film d’animation traditionnel, en image par image, est une « mécanique », une façon de concevoir le mouvement contraint par la forme même des découpages et des associations visuelles. La narration (expérimentale) entraine le corps dans un langage presque oublié et pourtant à la portée de tou-te-s. Ces ateliers professionnels, bien que DIY, sont une (ré)ouverture sur ce qui existe déjà, sur toutes ces choses à recycler.

Pour participer à un atelier, pas besoin de savoir dessiner ni de savoir animer ni de savoir quoi que ce soit. Tout s’apprend. On a besoin que d’un peu de volonté, de plaisir de graver et d’imprimer, de voir les images et la narration évoluer, image par image. Et pour seul matériel le désir d’œuvrer.

Quelque chose vous empêche de dormir?

L’appétit manque? Le rythme cardiaque est chaotique… mmm nous avons ce qu’il faut pour vous remettre sur pied… tout est question de perception – épuisement, stress ou excitation, la frontière est mince ou dépend de la capacité à digérer le sens. Maybe.

Oui, ça empêche de dormir comme un film de série B, mais ça redonne de l’appétit comme un projection de série Z, ça augmente profondément le rythme cardiaque et ça colle un sourire indécent sur des visages à conquérir. L’effet positif d’une appréciation dérisoire de la situation se mobilise. L’excitation enfantine s’emballe, détachée de tout jugement intempestif. Y aller sans hésitations et pressé-e-s d’y être avec ça. Qu’est ce qu’on peut encore ajouter…

Dans cet état motivant, énergétique et dynamisant des esprits expressifs, l’instinct prend le dessus. Embrasser cet état avec élégance et panache décalés, intrinsèquement créatifs – la nécessité de construire d’autres narrations, image par image. Check.

Des sauvages en mode turbo dans un atelier où tout est possible, avec l’énergie non-stop pour faire ce qu’on a à faire sans se poser les questions de routine. Pas de problèmes, que des jouets avec lesquels expérimenter et décaler la réalité d’un cran. La bande est sensible, grattée, triturée et recollée dans un ordre aléatoirement construit de sens imperceptibles.

Le montage des machines et des pellicules, tout feu tout flammes, des nappes sonores en guise de crème anglaise, juste assez parfumée de dérision veloutée. L’image saute, le cerveau syncope dans les non-sens qui suintent bon l’extase, les idées collent et se déchainent en associations improbables. On repère les accrocs et les insuffisances, on y remédie avec nos différents outils et pensées, la prochaine fois sera différente et encore plus délirante?

Puiser dans ses ressources sous estimées, ses neurones en éruption, ses forces de défense mobilisées par l’odeur douce-amère des corps en friction : la pellicule, les ampoules à 750W, les ventilateurs en 110w, la mécanique des projections d’un autre temps. Adaptation, épuisement, mode survie, mode création – des outils puissants. La vie suspendue, encore une fois, à l’extérieur de ce qui est visible, loin de la perception du monde d’ailleurs, mais bien ancré-e-s dans l’action menée. Décharger l’excès à corps perdu à la force des bras et des jambes, état de transe consciente, ces corps qui réclament des images et des sons sont contents. 

Et oui, on remet ça au printemps, si ça vous dit d’en être…

Participer c’est aussi laisser entre nos mains toutes ces pellicules 35, 16 ou 8mm dont vous ne faites rien, toutes ces machines qui trainent au grenier ou prennent froid au garage; nous leur donnerons une autre dimension – humaine et palpitante lors d’une performance qui progresse.

Au plaisir…

Ciné Impro…

Un trio de film, de sons et de soupe : vendredi 29 octobre 2021, il y aura la projection du film expérimental collectif réalisé et monté à quatre mains par nos soins attentionnés (atelier du jeudi 28 avec Vinz Dupux et moi-même) et pour nous accompagner en musique improvisée, un habitué du lieu, j’ai nommé Mr Y. – que vous connaissez peut être pour l’avoir entendu lorsqu’il sévit avec ses samples et sa guitare au sein d’Ortie38 ou encore quand il fait du yaourt agrémenté avec le destrier à 3 têtes, Eyküss. Et c’est open doors, no limit sauf celle du lieu, alors n’hésitez pas à passer boire une soupe…

Ouvert à tou-te-s à partir de 18h, soupe de saison et projection en musique…

PAF prix libre mais nécessaire.