Voici quelques images de l’atelier papier recyclé du mois d’août, nous étions tellement occupés pendant l’atelier que les photos se sont faites rares!
Dans l’ordre : fabrication de la pulpe de papier (feuilles de dessin recyclées, plantes du jardin et papier de couleurs « pour voir »), préparation des cuves, tirage des feuilles, couchage. Le pressage s’est fait dehors entre deux pierres de Paussac (très efficace!) et le séchage sur la table de travail.
Quelques feuilles « expérimentales » avec incrustation de plantes, superposition de textures, mélange et superposition de cadres… bref rien n’arrêtait Eliah et Fabienne :
Des carnets fait main avec la technique de l’accordéon : minutie et précision. Véronique a choisi de faire le dos avec du papier-tissu (donc avec de la colle, mais n’empêche que les cahiers tiennent entre eux sans colle!)
Carnet d’écriture : 7 cahiers de 10 pages, 20x14cm, dos en accordéon sans colle, couverture carton fin, Khadi Paper – Lokta 60gm.
Et pendant ce temps là Sasha a fini de personnaliser la couverture son agenda scolaire… (couverture en carton rigide avec toile noire et dessin au Liquide Chrome de Molotow)
Les images ne seront pas oubliées, elles sont. Concentration et mouvement méditatif. Gouges. Bois. Rouleaux. Encre. Presse. Chaleur aussi! (alors que quelques goûtes ont décidées à lâcher leur fraicheur sur nous, il faudra penser à isoler cet atelier un jour…)
Une histoire s’est écrite à 12 mains apprenties et 4 mains adroites, toutes ont apporté à la constellation imaginaire avec adresse et conviction.
L’été 2017, sur le conseil de notre amie Iorwen, Sandra et Wally Wallman ont fait don de leur métier à tisser à l’atelier de la Papeterie des Arceaux (merci d’ailleurs). Bel objet. Bel outil. Que de pistes.
Après avoir fait un essai qui a satisfait une certaine curiosité et un besoin de comprendre les machines et leurs capacités, à la fois simples et complexes, le tout est resté dans l’atelier à attendre que le lien se fasse entre les objets, le lieu et les personnes, que la création demande un support, que se tisse le mouvement.
Puis à la fin de l’hivers, Joan Kendall a fait don de fils, de cotons et de 2 fuseaux pour completer le métier à tisser et encourager le mouvement. Mais comment s’y prendre pour ne pas se perdre dans toutes ces possibilités.Dans ces sacs il y a des dizaines de pelotes de toutes natures et de toutes les couleurs.
Une pelote tombe et roule au milieu de la pièce. Joan m’explique que c’est une pelote de fil de papier.
Et puis voilà, sans rien demander, depuis un peu plus d’une semaine le fil se fait au fuseau.
Mais fils de papier. Fils de fibres de papier. Le fuseau tourne et on explore les possibilités. Un nouveau support pour la reliure, l’impression et le papier en volume, des objets arrivent par flots.
Alors on cherche comment améliorer, peaufiner, comprendre, expérimenter…
Arrive le “Shi-fu”, pas celui du panda, celui du kami-ito (lamelle de papier) et du koyori (papier « tordu » ou corde de papier)), l’inspiration est là : le Shi-Fu est un processus de fabrication de « fil de papier » qui est ensuite tissé avec du coton ou de la soie. Le tissage de papier, le tissage du Khadi, du papier journal, du kraft … de façon simple mais subtile avoir un tissu de papier, sans tomber dans les pièges tendus et en savourant la recherche. Trouver un sens là où on ne s’y attendait pas : alors tisser du papier devient une évidence. Le « truc » qui était là et qu’on n’arrivait pas à formuler. Les idées s’emboitent, se multiplient, se chassent, se bousculent mais une chose reste : le papier.
Si parmi vous il y a des connaisseurs, passez nous voir, ici il y a des tonnes de questions à poser… Déjà maitriser le fil-papier et le fuseau. Et pourquoi pas le rouet. Ensuite tisser, relier, imprimer, plier et recommencer.
La fabrication du papier est un procédé simple mais qui demande de la patience, un peu de place et de la curiosité.
Il est possible de faire du papier à partir de quasiment n’importe quelle fibre végétale, mais nous avons découvert que les feuilles d’artichaut ne s’y prêtent pas sous cette forme : les fibres restent accrochés au tamis – je vais donc passer quelques heures à chercher le pourquoi et essayer d’y remédier, coooool…
Fabriquer du papier c’est pas juste génial, créatif et intéressant, c’est aussi utiliser les ressources naturelles que nous avons ici pour fabriquer un support qui nous sert quotidiennement :
Le lilas vient du village, toute l’eau (et il en faut!) vient de la cuve d’eau de pluie, lorsque j’utilise de la cendre (solution alcaline pour la cuisson) elle vient de la cheminée du voisin, mais je pourrais aussi utiliser la cendre des petits bois qui restent des cueillettes – cuissons – écorçage pour cuire les végétaux à la place du gaz! – et brûler le bois, au lieu d’en faire des grigris qui ont finis autour de la mare! … bref aucune perte lorsqu’on est bien organisé.
Voici comment nous avons fait ce mardi 8 mai, une fois de plus c’est une façon parmi d’autres et il nous en reste à explorer…
Cueillette, ébranchage, découpage, hachage et cuisson.
Puis mixage, mélange, tissage et couchage.
Cela donne des feuilles fait par nos mains de tous les ages…