Température de saison

Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas voir, qu’on ne veut pas percer la glace en surface, qu’il n’y a rien qui se passe. La mare est endormie et oui, mais sous cette croûte de glace aux éclats à variations géométriques et abstraits, la vie est intense, bien que ralentie par le froid de saison. Évidemment.

Tout au fond, la vase épaisse et odorante est débordante d’activité, d’idées qui grouillent et ne demandent qu’a prendre forme – à l’occasion, quand les éléments seront propices… En attendant, les corps et la pensée ne cessent de se mouvoir. La magie s’opère sans l’approbation des passants impassibles, préoccupés par tant de choses qui échappent au reste. Souvent il faut juste créer le moment, l’occasion, l’espace-temps.

L’alanguissement de saison fond au contact de la chaleur des échanges timidement instigués, suffit de trouver ce lieu, de passer à l’action – même les grenouilles chantent ou se lamentent à chaque réchauffement intempestif… Les sons étouffés par les couvertures épaisses laissent passer l’envie d’être en vie et des mains pas si dociles, continuent les expériences tactiles à l’atelier. Naturellement.

Autant de narrations que d’individus, c’est une évidence. Tout ce qui est perçu n’a de sens qu’un temps dans un espace délimité par ces esprits volatiles – pas facile de se faufiler sans laisser une partie du tout. Ici il y en a pour chacun-e. Quelle anarchie quantitative de sensations emmitouflées, un souvenir efficace se lasse… Et c’est peut être pour ça qu’il ne faut rien lâcher; s’en échapper est la moindre des choses. 

Et j’en reviens au lien qui doit se main/tenir à travers cette glace qui se forme de façon insidieuse. Poursuivre la perspective en pointillés au rythme désavoué. Dévoyer l’ensemble systématiquement, mais ne perdons pas le fil. Toujours y revenir et en extraire ces choses éphémères, s’offrir un moment, c’est toujours bon.

Je vous perds dans ces tournures alambiqués. Et oui… en fait, non, je vous invite à investir l’atelier malgré cette surface impénétrable due aux températures hivernales. Les narcotiques intellectuels et culturels rendent la vie plus supportable, mais c’est pas une raison pour se laisser faire. À vos outils, à vos envies et à vos souhaits ! Aiguisez vos instruments.

Aux recoins des idées imprécises et précieuses, offrez-vous un atelier là où vos mains et mots ne souffriront pas du froid, où votre cerveau et créativité auront du plaisir à de s’enrouler autour d’objets disparates qui forment un ensemble cohérent : venez fabriquer quelque chose que vous emporterez avec vous en attendant le réchauffement qui permettra d’y voir plus clair. Et surtout, n’hésitez plus à suggérer des moments, événements et projets à partager, la papeterie à peut être les moyens, les idées et les outils pour y répondre.

Sur ce je vous souhaite une bonne année à venir, et oui, je m’y plie et relance la machine qui est au ralenti.

À très vite donc, pour entamer des expériences et initiations à tout ce qui est proposé par ici.

Et vous vous en doutez : il fait bon à l’atelier. Il y a toujours quelque chose à goûter, essayer ou emporter, il serait dommage de ne pas en profiter !

 

Et n’oubliez pas de nourrir ces petits oiseaux avec lucidité !
Bisous, bisous !

Mai et juin

Pas tout à fait perdue dans les méandres de la mécanique de l’administration déshumanisée et contrairement aux affirmations du service de l’immigration et de l’intégration sociale de la Gironde, avec qui j’en découds depuis quelques semaines (voire quelques mois!), je continue à faire ce que je fais, dans ce tissu rural.
Je persiste à tisser un lien entre le monde extérieur et ce qu’il se passe en chacun de nous, à ma façon – et non ce n’est pas jamais assez. Je ne suis pas rentable, soit, mais je suis pleine d’énergie à redistribuer.
Ici, c’est, et ça restera, généreux, humain, créatif, constructif… voire essentiel par moment, pour certains et certaines d’entre vous, pour des raisons qui dépassent l’entendement des bureaucrates assoiffés de chiffres et de quotas.
Voilà, ça c’est évacué (presque)… je ne perdrai pas plus de temps sur le sujet (presque). J’ai trop à faire – toujours.
(Et grand merci pour vos courriers de soutien, ça fait du bien de se sentir soutenue…)

Passons donc aux choses sérieuses.
Prenons les bonnes mesures et soucions-nous de vos mains et l’aération de vos cerveaux :

Tous les samedis, sauf si vous passez boire un thé et papoter, je vous attends de 15h à 19h pour imprimer de façon libre.
Une technique d’impression parmi toutes celles qui sont utilisées à l’atelier (collographie, stencil, typo, taille douce, impression direct, monotype etc) avec ou sans presse est proposée avec tout ce qu’il faut pour vous occuper et vous libérer des contraintes habituelles, entendez “expérimentations graphiques à base de formes, de mots et de couleurs” pour créer vos cartes encrées.

Une exception cela dit : le 15 mai, il y aura un atelier Zhen Xian Bao et donc l’atelier imprimerie sauvage aura lieu le vendredi 14 mai (il reste 2 places à chaque date).

Le lundi 31 mai, exceptionnellement, la papeterie sera ouverte pour un atelier de gravure avec Jean-Christophe (places limitées). 14h – 18h, sur réservation.

En juin nous faisons du papier, le jeudi 24 et vendredi 25.
Du papier artisanal à partir de végétaux de la mare et autres ressources (mitsumata, chiffon de coton, lokta).

Puis le 29 juin, atelier collectif de reliure, pour réutiliser le papier fabriqué la semaine précédente (il reste 3 places).

Tous les ateliers de la papeterie sont ouverts à tou-te-s à partir de 5 ans, sauf la gravure (minimum 9 ans, encore une histoire de doigts), sur réservation et dans le respect des mesures sanitaires en application… et proposez-nous une date si aucune ne vous convient…

Un joli mois de mai à vous et à bientôt.